mercredi 4 janvier 2012

De nouveaux cousins germains

Enfin seul. La Nature avec un grand N. Je n'ai gardé que mon Iphone et mon Macbook et je peux vous dire que le wifi ne me manque pas du tout. C'est surprenant comme le temps s'écoule différemment ici. Je me sens en paix avec moi même. En France, nous menons des vies de fous, esclaves que nous sommes de tous ces moyens de communication qui à défaut d'émancipation nous conduisent finalement à une incommunicabilité vis-à-vis de notre entourage.  Bon, c'est vrai que la 3G rame un peu, et c'est difficile de chatter avec mes amis Facebook pendant les soirées autour du feu de camp.
Mais malgré l'éloignement, je ne me sens pas seul.

Il faut que je vous raconte la rencontre insolite d'hier. Alors que j'essayais d'attraper des saumons à main nues dans la Grognassa (une rivière locale), mimant ainsi un grizzli que j'avais vu dans Thalassa un vendredi de juin juste avant Louis la Brocante, j'entendis derrière moi: "Ach! Ze n'est pas comme zela que fous allez y arriver !" Je découvrais un vieil homme à l'œil bleu malicieux.  Après m'avoir montré comment on assomme des truites avec un grand bâton, Kurt me proposa une tasse de thé dans sa maison. J'acceptais avec joie. Kurt est allemand. Il fait partie de ces germains rigolards qui prennent la vie du bon côté.

Kurt connaît bien la France. Il y a vécu pendant 3 ou 4 ans avant de s'installer en Argentine en 1946. Il connaissait surtout le sud m'a-t il raconté. Il y a installé des baignoires ou quelque chose de ce genre, dans la région de Lyon. Kurt semblant très pudique je n'insistai pas sur sa carrière dans les sanitaires.
Enfin nous arrivons à son logis. Une maison de pierre et de bois perdue au milieu de la nature.

Nous sommes reçus par Frantz et Helmut, deux amis de Kurt. Tout de suite, le courant passe. Je suis impressionné par la sérénité de ces hommes, qui au crépuscule de leur vie, ont su revenir au nécessaire. Se satisfaire de petits bonheurs simples. Pas de superflu. Je revois encore Helmut se lécher les doigts après avoir mangé sa tartine aux myrtilles, tandis qu’Hermann et Adolphe, les deux chats de la maison, ronronnent paisiblement près de l'âtre.

Mes hôtes sont tout heureux de voir un nouveau visage et m'offrent tout de suite l'hospitalité. Pas comme chez nous en France où débarquer à l’improviste est plutôt mal vu, où comme le dit si bien Cabrel « pour se toucher la main, il faut des mots de passe ». Ici, tout de suite, c’est le schnaps qu’on débouche, Franz qui vous propose des strudels maison, avec des saucisses de Frankfort, des saucisses de Hambourg, des saucisses de Brandebourg, bref, toutes sortes de saucisses. La convivialité du teuton pas tatillon.

Le meilleur moment de la soirée : quand on a tourné autour de la table à califourchon sur nos chaises en chantant à tue-tête Heidi Heido Heida ! Nous avons aussi chanté d'anciennes chansons de leur pays. Kurt m'a dit d'une voix moite d'émotion que ces chants n'étaient plus chantés en Allemagne, que la nouvelle génération ne voulait plus les chanter. Je pensai à la violence de la modernité, aux ravages de l'acculturation. Je posai ma main sur l'épaule de Kurt et lui dit: "Un jour, ils les chanteront à nouveau". Je vis Kurt très ému par mes paroles.

Dans la soirée, la bière aidant, nous avons enfilé des cagoules, et sommes partis terroriser les lamas dans la pampa.

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